Tribune de Catherine MEDDAHI, présidente d’INFLUENCES, administratrice du SCRP (Syndicat du Conseil en Relations Publics), publiée dans CBNews le 9 juillet 2020
Les Relations Presse ont toujours été et demeurent un élément clé dans la fabrique de l’information, la crise du Covid-19 passée par là, en est l’éclatante démonstration.
Portées par la multiplication des chaînes de télévision dédiées à l’information et le changement de paradigme induit par internet – instantanéité temporelle et viralité des réseaux sociaux – les RP sont devenues une expertise convoitée.
Oui bien sûr, il y a une corrélation directe entre une société qui dévore tous les jours de plus en plus d’informations et l’activité croissante des agences de RP.
L’information est d’ailleurs devenue, selon le CSA, le premier genre de programme – devant la fiction – diffusé en télévision et qui, par le biais de formats adaptés, se développe fortement sur les plateformes numériques.
Cette effervescence médiatique (boom des supports d’information traditionnels comme numériques) ainsi que l’augmentation de la demande d’information (dues à un besoin grandissant de savoir, de connexion à son environnement et au monde, et bien évidemment à la croissance démographique) s’accompagnent paradoxalement, du côté des médias, d’un affaiblissement des ressources destinées aux rédactions, ce qui aboutit à une baisse, d’année en année, du nombre moyen de journalistes par media. Ce phénomène n’aura malheureusement fait que croître durant la crise sanitaire.
Cette situation rend encore plus nécessaire la présence et le dynamisme des agences de RP qui apportent une forme de soutien aux rédactions en venant combler le manque de temps des journalistes à rassembler les informations et à les digérer. Mais ce rôle stratégique désormais occupé par les agences de RP exige d’elles un strict respect de principes et de règles qui leur confèrent ce statut enviable de tiers de confiance vis à vis des journalistes et des entreprises qui les mandatent.
Pour compléter leurs expertises, dans un monde de l’influence en pleine mutation, les agences agiles et perspicaces ont au fur et à mesure que le marché a gagné en maturité, ajouter la gestion des influenceurs à leur offre de services, mais conscientes des déviances que le numérique peut développer, elles s’attachent à proposer ce service dans les règles déontologiques qui structurent la profession et sont promues par le SCRP (Syndicat du Conseil en Relations Publics) et le SYNAP (Syndicat National des Attachés de Presse et Conseils en relations Publics) et bien sûr sans que cela ne puisse porter ombrage aux médias, en faisant la part des choses .
Comme pour toute innovation, il faut du temps pour que les règles s’imposent au sein d’une profession. Les tâtonnements ne sont plus de mises, les agences de RP qui déploient des stratégies globales (journalistes / influenceurs) savent très bien faire la distinction, entre le earned media et le paid media, il n’y a plus de places pour les amalgames ; aujourd’hui c’est cette vision du métier qui doit s’imposer, pour renforcer les liens de confiance que les agences entretiennent avec leurs clients mais aussi par respect des consommateurs / citoyens qui se nourrissent d’une information issue des médias bien sûr mais aussi de leurs corolaires, les réseaux sociaux.
Alors, pour ceux qui embrassent les PR comme un eldorado, nouveaux venus sur le marché ou opportunistes d’un secteur nommé communication qui compte autant de détracteurs que d’afficionados, il faut reposer les fondamentaux ; les RP possèdent leurs codes et leurs règles ; on ne s’improvise, ni ne se déclare agence de RP ; C’est une approche, une philosophie, un savoir être qui s’acquiert et se mérite car ce métier est avant tout fondé sur la confiance que s’accorde mutuellement l’inséparable trio : entreprise – agence RP – journaliste / leaders d’opinion. Les « influenceurs », eux, sont devenus un incontournable dans le dispositif de certaines agences RP, de plus en plus nombreuses, mais encore faut-il qu’il soit clairement établi qu’ils sont rémunérés et leurs contenus orientés.
Car osons le redire ici, même si les RP ont complété et amplifier leurs actions en faisant intervenir ces nouveaux vecteurs de publicité, elles restent par essence et avant tout une saine alchimie de contenus et de convictions qui permet de transformer l’information en actualité.
Pour poursuivre leur mission sans se dévoyer les RP doivent éviter deux écueils : ni devenir l’expression du trafic d’influence, ni se cacher sous les traits de pseudo ambassadeurs avançant sous les traits masqués d’éphémères hommes sandwich s’affichant sur Facebook d’un côté et sur Instagram de l’autre.
Les RP doivent continuer à porter avec fierté et conviction les raisons pour lesquelles elles sont nées et pour lesquelles elles ont survécu : donner à connaître au plus grand nombre, par le prisme des médias, une information libre, objective et exhaustive qui permette à chacun de se forger une opinion sans contrainte et sans pression. Et alors que la « mal info », théorisée par Denis Muzet en 2006, a laissé place aujourd’hui aux fake news, les agences RP ont une responsabilité morale et sociale toujours plus importante, pour redonner de la lisibilité, de la traçabilité et du sens aux informations qu’elles livrent.
Les RP, sous toutes leurs déclinaisons, et l’on ne peut que s’en réjouir, prennent de plus en plus de place dans les dispositifs de communication, elles sont un nouveau champ à investir et répondent aux exigences d’une époque qui réclame toujours plus de transparence aux entreprises qui souhaitent établir une relation de confiance avec les consommateurs-citoyens que nous sommes.
Mais cette transition ne pourra pas se faire à la hussarde, l’introspection et la réflexion devront être de mise pour ne pas dénaturer notre métier.
L’avenir des RP comme facilitateur d’une information crédible et légitime auprès des médias et des publics prescripteurs au service des citoyens, se joue maintenant !
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