TRIBUNE | Arrêtons de « taper » sur les journalistes, ils sont les meilleurs garants de notre démocratie

D’année en année, le baromètre Kantar Media pour La Croix, sur la confiance que les Français accordent aux médias, révèle des résultats de plus en plus inquiétants. La crédibilité de la radio (50 %), de la presse (44 %) et de la télévision (38 %) est en baisse. Pourtant, la monstruosité du volume d’informations qui s’abat chaque jour sur nous et son cortège de pratiques fallacieuses ont sans équivoque de quoi rendre aux journalistes toute leur raison d’être.

Les décomplexés de l’actu, les manipulateurs des faits, les alchimistes de l’infox, les apprentis sorciers du scoop, les pollueurs de l’hygiène mentale ne verront pas leur prophétie se réaliser ; ils ne verront pas les médias passer à trépas, ils n’assisteront pas au grand autodafé prémonitoire des marques médias ; ils ne verront pas les journalistes s’immoler sur le bûcher de leurs vanités férocement ramenées à la réalité par Paul Valéry : « le mensonge et la crédulité s’accouplent et engendrent l’opinion ».

La mutation des médias et l’affirmation de leur raison d’être ont dépassé la vulgaire préoccupation économique : les médias d’information sont devenus aujourd’hui les incontournables remparts de notre liberté de penser, de notre liberté d’agir, de notre liberté d’adhérer ou de nous révolter.

Même les médias d’information en continu, dont la première fonction est de faire couler le robinet à images, et qui souvent manquent cruellement de recul et de discernement, jetant parfois l’anathème sur l’exercice du métier de journaliste, devront dépasser leur seule vocation de couvrir les événements en continu au risque de dérapages non contrôlés ; ils devront remplir le contrat de véridiction qu’exigent les téléspectateurs soucieux d’une information juste et non déformée au prisme de la précipitation ou du remplissage.

De par leur diversité, sponsorisés par l’État, par de grands argentiers ou par leurs lecteurs, les médias, personnes morales soucieuses de leur réputation et garantes du sérieux des informations qu’elles proposent au public sont incarnés par des journalistes, porteurs d’une sensibilité, de valeurs, et d’une haute opinion de leur mission dont le but ultime est d’informer de façon sincère et loyale.

Les circonstances liées au tsunami des réseaux sociaux ont parfois détourné les journalistes de cet objectif ultime, car ils ont cru que cette concurrence difforme, maladroite et souvent fallacieuse, allait les faire disparaître dans les entrailles d’une opinion parfois peu regardante sur la qualité de son assiette informationnelle.

Mais cela c’était sans compter sur la moisissure et la pourriture que les fake news allaient déposer dans sa gamelle grouillante de sons, d’images et de mots ; cette information devenue indigeste, périmée et parfois toxique ; car c’est vrai, cela fait un certain temps que l’on n’attend plus des médias et des journalistes qu’ils nous apprennent un fait ; les sources d’approvisionnement sont pléthores, mais la traçabilité, difficile ; alors ce que l’on attend de ces soldats de l’information c’est qu’ils nous disent si cette dernière, picorée ici ou là sur les notifications de nos smartphones, est véridique, qu’ils nous donnent à connaître l’émetteur et qu’ils fassent un travail de décryptage, salutaire pour dénouer le vrai du faux et surtout pour que chacun puisse se forger sa propre opinion – sans contrainte, sans manipulation, sans autre intention si ce n’est celle de nous donner à comprendre.

La voilà la raison d’être de nos médias d’information, libres et fiers de l’être. Contre ce climat de fake news, contre cette manipulation permanente, contre cette pollution de notre intelligence, contre cette intention de nuire, contre la privation de liberté que constitue cette stratégie omniprésente du mensonge. Oui, les médias et les journalistes qui incarnent si bien l’esprit critique si cher à Montaigne et la capacité au débat si chère à Socrate, vous tenez là votre raison d’être. Inutile de le crier sur les toits, c’est un fait indéniable, imprescrip-tible, qui aujourd’hui s’impose comme une évidence et pose les jalons d’un avenir fondé sur la conscience et le sens de votre métier. Voir la Tribune dans Les Echos

Catherine MEDDAHI, Présidente de l’agence Influences

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